« On a commencé à dialoguer avec eux. On s’est aperçu qu’ils étaient d’anciens détenus évadés, rejetés par leur famille. Le gang était le lieu où ils avaient trouvé refuge. »
Michel Briand, missionnaire français enlevé le 11 avril dernier à Croix-des-Bouquets, en Haïti, s’est entretenu en exclusivité avec Paris Match sur sa détention aux mains du gang des 400 Mawozo.
Michel Briand raconte comment une vingtaine d’hommes armés ont arrêté leur véhicule alors qu’il était en route vers la nomination d’un jeune prêtre avec d’autres religieux et laïcs. Il rapporte leur sidération face aux ordres violents qu’ils ont alors reçus.
« Si vous avez des armes, donnez-les ! [...] Si dans une minute, tu ne sors pas de là, tu es à terre ! [...] Donnez tout, téléphone, argent, ne laissez rien de côté ! »
Tous sont alors conduits dans le village du gang. Le missionnaire explique, « la première journée, c’est le choc. On se demande ce qu’il nous arrive. On vit le film sans se poser de questions ».
Et dans des conditions de détention spartiates, le religieux se dit impressionné par l’humanité de ses geôliers.
« On a commencé à dialoguer avec eux. On s’est aperçu qu’ils étaient d’anciens détenus évadés, rejetés par leur famille. Le gang était le lieu où ils avaient trouvé refuge. C’est paradoxal, mais leur humanité m’a impressionnée, leur solidarité entre eux. Ils partagent tout, les cigarettes, les joints, ils s’entraident. On pense que ce sont des brigands sauvages. La réalité est plus complexe. »
« J’ai l’impression qu’ils sont tous pris dans un engrenage de violence », poursuit-il, « ils n’ont aucun recul. Le chef joue les durs, les autres l’imitent ».
Michel Briand affirme qu’ils ont été bien traités, qu’ils ont pu lire la Bible et prier. Le missionnaire est d’ores et déjà retourné dans sa paroisse. « Il n’y a pas de raison pour que je ne reste pas ici », explique-t-il.
Pour lire l’intégralité du témoignage de Michel Briand dans les colonnes de Paris Match, cliquez ici.
M.C.